L’adoration de la terre

« Universal language of Hip Hop : Vibration.
I am fluent in vibration, I speak vibration fluently. I am fluent in vibration, I’m understood by all.
Even those who don’t understand, I understand that too.
Fluent in vibration. »

Yasiin Bey

En mai 2015, la compagnie Chute Libre (danse hip-hop, Nantes), entame le chantier de son douzième spectacle : une interprétation hip-hop du Sacre du printemps (initialement chorégraphié par Vaslav Nijinski – composé par Igor Stravinsky en 1913). Pour cette version intitulée In Bloom, le duo de chorégraphes de la compagnie Chute Libre fait appel à une nouvelle équipe de danseurs et danseuses, pour la plupart jeunes professionnels.les.
Je connais bien la compagnie, mais tout ceci éveille ma curiosité. Comment une génération Hip Hop, dont je suis par ailleurs moi-même issu, va s’emparer d’un classique ? Qui sont ces danseurs, ces danseuses ? Questions primaires qui me lancent dans une année d’observation d’un groupe au travail. Je m’incruste dans toutes les résidences de création puis, photographie.

Photographies, interviews et interventions des chorégraphes, danseurs et danseuses composent L’adoration de la terre. Un livre autoédité et un site internet dédié ont vu le jour pour l’occasion. Ici est présenté le coeur du projet en 23 photos et 2 extraits de textes des chorégraphes.

par Annabelle Loiseau (chorégraphe)

  « J’ignore comment tout a commencé chez moi, et je ne veux pas le savoir. Je n’ai pas envie de démontrer quoi que ce soit en dansant, et cela ne m’a jamais servi d’exutoire, ni de moyen d’expression. Je danse, c’est tout » – Fred Astaire.


       J’aimerais avoir signé ces propos. Je n’ai pas d’autre solution que de danser. Je pourrais tenter le lyrisme, l’ode au geste. Cela ne me suffirait pas. J’aime les mots, j’en ai besoin. J’aime lire et me sers parfois de textes de chansons comme matériel d’une recherche chorégraphique. Pour autant, comment aller au delà de l’instinct corporel pour parler de danse ? Comment parler de danse ? Si un geste très musculaire ne convainc pas l’approche intellectuelle, il n’est pas anodin, ni négligeable pour autant. Il est musculaire. Laissons le vivre, il sera épanoui s’il se déploie. Les mots n’ont aucun privilège à rendre tangible les idées. Il s’agit seulement d’un prisme par lequel ressentir et vivre le monde. Le mien sera le corps. C’est physiologique.
J’aime les rythmes de pieds, j’aime le dos, les genoux. J’aime les bras, mais les bras, c’est le dos. C’est esthétique. Et pourquoi pas le bassin ? Je ne sais pas. Pour être honnête, je m’en fous.

La suite sur le site internet dédié : ladorationdelaterre.fr
La suite dans le livre : lavisible.fr/editions-tirages

par Pierre ‘Nesto’ Bolo (chorégraphe)

          Je me souviens d’un moment fort en Inde. J’y étais pour Anokha, projet franco-indien de la compagnie Accrorap, et premier gros projet pour moi, jeune danseur hip-hop. J’ai vingt ans, je suis à l’autre bout de mon monde. J’y rencontre l’inverse, y découvre autre chose. Tout convoque ma candeur. J’intériorise par discrétion. Le spectacle encore en chantier, l’échange franco-indien nous invita à nous produire lors d’un événement local. Nous étions à Ahmedabad. Ce soir là nous avons dansé devant un grand public indien, sur une scène en terre, avec des musiciens. J’extériorise par vocation. Ma gestuelle est modelée depuis l’asphalte des pays industriels, celle des Indiens raconte l’histoire de leurs dieux. Le dialogue est riche, la chaleur, humide. L’échange est teinté de cette poussière ocre que nos virevoltes favorisent. Est-ce la sueur ou la magie qui scintille ? Essoufflé, je me tourne vers Kader et Gilles (chorégraphe et administrateur d’Accrorap). Je leur lâche : « Merci de me faire vivre ça » . Dix-sept ans plus tard, je ne me souviens plus comment ils ont reçu cette confession instinctive et enthousiaste. Désormais chorégraphe de la compagnie Chute Libre, au côté d’Annabelle, j’ai un recul moins enchanté. En dépit du charisme suscité par un tel projet aux yeux du novice que j’étais, j’imagine aujourd’hui les nécessaires doutes et la logistique relou. Kader et Gilles devaient être relativement fébriles aussi. Enfin, je l’espère. Cela fait partie de la mise en œuvre, de la production, du travail.

La suite sur le site internet dédié : ladorationdelaterre.fr
La suite dans le livre : lavisible.fr/editions-tirages

Les textes des chorégraphes ainsi que leur interviews et les interventions des danseurs et danseuses sont accessible dans le livre.
Pour se le procurer, c’est ici: L’adoration – Livre
Ou via le site internet dédié: L’adoration – site

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