Uniforme. Unanime.
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La république en Beaumarchais est un livre d’artiste. Une boite en bois recueille un accordéon photographique de plus de 4m.
Il rapporte mon sentiment particulier vécu lors de l’acte III du mouvement des Gilets Jaunes, à Paris le 1er décembre 2018. Le boulevard emblématique des manifestations parisiennes mesure plus d’1,5km. Or je fus frappé de découvrir ce jour-ci, la soudaine et radicale unanimité de toutes les vitrines, barricadées derrière des planches de bois. L’uniformité du boulevard en faisait un édifice unique, un couloir.
Commerçantes et commerçants manifestaient ainsi leur prudence. L’Uniformité du motif bois avait de quoi me plaire. Le mouchetage d’une feuille d’OSB, c’est beau. Et l’immaculé du contreplaqué appelle tous types de messages revendicateurs. C’est interessant.
En dépit d’une prudence compréhensible de la part des commerçantes et commerçants, l’Unanimité de ce placardage total m’apparut, ce jour précis, exprimer plus subtilement une extension des remparts du palais présidentiel. Ainsi, non plus une prudence mais une peur ; un stigmate du pouvoir projeté sur l’espace urbain, spatialisé.
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Le livre est une brique, un pavé.
Le bois convoque les barricades autant que l’élaboration élémentaire des cabanes des gilets jaunes sur les ronds-points.
La « frise photographique » raconte ce que les barricades elles-même eurent à proposer, honorant ainsi le principe revendicateur de la rue. Après des photographies de barricades et l’immaculé de leurs motifs bois, une image invite à traverser la route. Les revendications apparaissent, dont le tag récurrent « Balance ton extrémiste ». La récurrence est telle, qu’en point finale, elle interroge les moyens répressifs déployés ce jours-ci.
Livre accordéon (13,5cm x 4,7m)
24 pages
Papiers Verona (300gr) / Clairefontaine (250gr), relié avec papier japonais Masa (77gr)
Couverture-boite OSB (14,5 cm x 20,5cm)
1ère et 4ème de couverture sérigraphiées (Coop Coup D’griffe)
Impression jet d’encre et laser
Couleurs
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15 exemplaires
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Ce livre a été conceptualisé lors de ma participation au groupe de travail sur le livre d’artiste, mené par Emmanuelle Jacques, au centre d’artiste autogéré L’imprimerie (hiver 2023-2024, Montréal, QC).
Mille mercis à Emmanuelle et au groupe.
« Comment la terre s’est tue » ?
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Murmures est une œuvre graphique, photographique et textuel racontant comment la disparition d’un ami tagueur et la quête de sa perspective, afin de comprendre qui il était, m’amène à charger de tout un monde un phénomène lumineux urbain des plus lambdas ; voie sensible d’une naïve mythification de l’écrin minéral dans lequel on fait habitat. La rue, ainsi « enchantée » d’une présence impalpable, est le moyen d’appeler à se réapproprier nos capacités d’attention, laissées en pâture aux GAFAM.
Le texte est un objet graphique, radicalement mis en forme par le tag. Quasi illisible, manière adéquate de rendre hommage à mon ami disparu, il demande une certaine attention pour l’atteindre. Ce faisant, il est le geste, l’attitude et le motif urbain et farouche par excellence.
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Le journal convoque une routine du paysage urbain : terrasse de bistrot, café, journal et pots d’échappement de voiture dans le nez. Destiné à l’éphémère ou à l’usage unique, le journal n’est pas un objet « durable ». Murmures se présentant comme une œuvre, sa vulnérabilité secoue les idées reçues et appelle la sensibilité de mon ami.
Journal format broadsheet (33,2 x 47,5cm)
4 pages (papier 60gr)
Impression jet d’encre
Couleurs
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50 exemplaires
Pour marcher sans heurt,
il est conseillé de regarder devant soi.
La verticalité de nos centres d’affaires, cœur économique, impose un point de vue contraire : le menton en l’air, la nuque pliée, les yeux plissés, le ciel éblouissant.
Un temps d’arrêt est nécessaire.
Je fais cette pause et depuis cette disposition,
de mon regard, de mon corps porté à l’attention,
le ciel et les tours tendent à se confondre.
Les vitres sont miroitantes, aucune percée aux murs-rideaux ;
et les lignes en fuites s’approprient la nappe bleu : le ciel est usurpé, où-suis-je ?
• 10 février – 31 mars 2025 – Ruelle des artistes – Joliette, QC (CA)
Les centres d’affaires et leur gratte-ciels, drapés de murs-rideau, m’évoquent un palais des glaces, un labyrinthe de miroirs.
Ces façades vitrées, composées de milliers de carrés tels des pixels, m’évoquent plus exactement des écrans. Ceux-là mêmes omniprésents dans nos vies.
Ces gratte-ciels, que je nomme « géants », sont la plupart du temps le siège de banques ou de multinationales. Que donnent à voir ces images gigantesques que les géants diffusent, si ce n’est un de leurs semblables ou le ciel usurpé ?
J’ai comme l’intuition qu’il y a une illusion comique dans l’affaire, que faire architecture de son image et se nommer « centre » traduit une relation au monde, pour dépasser l’architecture et faire monde de son image.
• 2023-12 – L’oeil de la photographie (FR)
On la définie par la limite.
On dit qu’elle s’arrête,
là où elle commence.
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Bienvenue est un livret composé de photographies et d’un texte porté par une philosophie faite de bric et de broc. Il rapporte une quête menée lors des longues marches que je fis dans une ville que j’habitais alors.
Le texte s’attèle à comprendre pourquoi des rues de part le monde se privatisent et se ferment au moyen de barrières. L’adage « La liberté des uns, des unes, s’arrête là ou commence celle des autres » arrive à point nommé pour stimuler cette naïve enquête.
Les photographies misent sur l’impact d’une monomanie graphique. L’assemblage d’un cumul de barrières souhaite être révélateur d’une plastique propre à ces espaces, une « esthétique stigmate » conséquente d’un urbanisme sécuritaire.
Bienvenue est une lecture critique et esthétique de cette glissade urbanistique qui tend à clore les espaces, depuis le confort moderne jusqu’aux directives sécuritaires tendant à suggérer la sécession relationnelle de l’espace.
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Bienvenue revendique comment penser son propre espace est valide hors des sentiers de l’expertise. Il prend alors la forme rudimentaire et accessible du fanzine.
Livret format demi-letter (13,65 x 20,3cm)
30 pages (papier 75gr)
Impression laser
Noir et blanc
« Peace is not the absence of war. It is the absence of the rumors of war and the threats of war and the preparation for war. Peace is not the absence of war. It is the time when we will all bring ourselves closer to each other, closer to building a structure that is unique within ourselves, because we have finally come to peace within ourselves. »
Gil Scott-Heron – Work for peace
Et ceux qui peuplent nos lieux
cachent leurs yeux.
Chaussés de lunettes aux reflets impassibles, aucune percée vers leur humanité.
Ils séduisent puis ils s’en vont.
Matériels et traces,
là et absents,
les géants ont de la mythologie ce qu’ils ont de fantômes, d’incommensurable et de pressant,
d’humiliant et d’infroissable.
Et l’on compose avec ces restes.
Anxieux à l’idée d’écorner la légende,
anxieux à l’idée de léser le majestueux.
Anxieux
à l’idée de laisser croitre le soupçon logé dans mon ventre,
innervé jusqu’à la surface de ma peau ;
anxieux dis-je
de laisser le soupçon se muter en tangible moiteur au creux de mes paumes ;
anxieux, dis-je,
d’éveiller un mouvement conduisant à situer mon regard ailleurs,
depuis lequel endroit l’impensable,
mieux dirais-je, le redouté, advienne.
Car je le sens,
il serait difficile alors de réprimer, de s’interdire un nouveau mot, LE mot ;
l’idée nouvelle, la torpeur ;
la lumière mais l’obscur.
Le chemin, mais tout compte fait la fin du monde.
Le soupçon pourrait grandir.
Et l’on requalifierait les géants de monstres.
Mais non !
Je ne veux pas y penser.
Hello ! C'est mon taf ! Contactez-moi. :c)